Mon regard était perdu dans le vide tandis que du bout des doigts je caressais ma bague. Ce précieux bijoux. Mes lèvres s’étirèrent en un délicieux sourire. J’étais vêtue de mon kimono noir, noué par une petite ceinture autour de mes hanches. Il m’arrivait à mi-cuisse, on pouvait aisément voir sur l’étoffe de soie un dragon d’or et de sang voyager sur toute sa longueur. Une tasse à café dans la main sur laquelle on pouvait lire à quel point je détestais tout le monde le matin (bon… Honnêtement j’aurais bien été tentée d’attraper un marqueur et de barrer le « matin » pour remplacer par « Pour toujours ». De l’autre main je tenais une cigarette, à moitié consumée. Il y avait des cendriers un peu partout chez moi pour éviter de salir le moindre centimètre. J’avais vécu des années en compagnie de cadavre, c’était pas pour collectionner les cadavres de rat en plus. Trois coups furent portés à ma porte, je m’y dirigeais avec grande aisance, ouvrant la porte à la volée, pour faire volteface lorsqu’une voix m’appela. Avec ce physique… Aucun doute sur l’identité de l’homme, car même par-delà les kilomètres, la réputation du ténébreux le précédait. C’était comme ces étoiles dont l’éclat brillait à des années lumières d’ici. Pour le coup… la lumière avait tout de « maléfique ». Bon et honnêtement, personne n’ignorait qui était « Monsieur Gold » par ici. Même moi je n’échappais pas à la règle. Mon sourcil s’arqua dans une moue surprise l’air de dire « sérieusement » alors qu’il me demande de m’asseoir. Il est risque de me donner des ordres, moi la fille sans peur. Et c’était tout particulièrement vrai, puisque ma bague m’empêchait de la ressentir. J’aurais pu me dresser contre lui sans peur si j’en avais l’envie. Mais comme c’était mon jour de congé… Je m’assis bien sagement, sirotant mon café. Mon regard était froid, dur, aiguisé, un peu comme d’habitude. J’avais littéralement un regard de « tueur » d’ailleurs… J’ETAIS une tueuse, maintenant que ça me revenait. J’étendis mes jambes sur mon canapé, m’installant dans une position demie-assise. J’écrasais ma cigarette d’un geste précis dans un cendrier reposant sur la table basse, tandis que je posais ma tasse à café au même endroit, l’écoutant, intriguée :
- Je sais que suis très connu, mais j'ignore si c'est votre cas. Je m'appelle Rumplestilinskin. Je suis le propriétaire de la ville, dont votre... maison. Si je suis ici, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas pour vous soutirer votre loyer, mais pour discuter. J'ai entendu parler de vous, Verity. Les gens de cette ville pailles sur les nouveaux arrivants. Je sais que vous êtes une sorcière et que vous possédez deux objets très intéressants. J'aimerais vous proposer une alliance entre nous deux. Que nous combinions nos forces pour arriver à nos fins. Vous devez bien avoir un objectif, Darling? Moi, j'en ai un. Non... Même deux! Pour commencer, j'ai quelqu'un à tuer et vos deux objets de pouvoirs pourraient se montrer fort utile dans mon plan. D'ailleurs, j'ai probablement certains objets qui pourraient vous intéresser dans ma boutique...
Mon regard soigneusement neutre se posa sur lui, son sourire était plein de malice, ce genre de malice un peu malsaine. Mes yeux bleus se posèrent ensuite sur toute sa personne sans qu’un mot ne sorte de mes lèvres. Avant que je ne finisse par hausser les épaules.
« Oui en effet, nous avons entendu parler de vos exploits même par chez moi. Qui pourrait vous ignorer ? »
Une voix douce et chaleureuse, un regard faussement impressionné. On fait couler un peu de miel dans sa voix… C’est comme ça que ça marche. Il faut charmer son publique, il faut sans cesse jouer avec toute sa petite collection de masques. En changer autant que cela devient nécessaire. Un miaulement gracieux se fit entendre tandis que Duchesse arrivait pour s’installer sur le canapé, juste à côté de moi. Le félin s’assit et entreprit de faire sa toilette. La petite reine, à défaut de se faire manger était ici comme une souveraine dans son royaume. Je passais une main sur la fourrure du félin qui accompagna de son corps la caresse, faisant le dos rond, avant de s’installer pour faire ce qui allait rythmer sa journée : DORMIR. Des fois j’rêvais d’une vie de chat.
« On vous a dupé Ténébreux, puisque désormais le seul bien qui est en ma possession reste le masque de la mort rouge. Une relique magique dont je ne pourrais me séparer. Quant à mon chaudron… Disons que je sais qu’il m’a accompagnée ici… Mais que je suis toujours à sa recherche… Mon but… Il est simple, prouver ma valeur à ces êtres qui me méprisent, et… Me venger de mes geôliers. Mais si une alliance vous intéresse, je suis votre femme. Néanmoins, qu’est-ce qui me dit que vous n’allez pas me tendre un piège une fois ledit but à portée de main ? »
Mon esprit était libéré de toutes émotions, glacé, froid, calculateur, intelligent. Je n’allais pas me faire avoir. Oh l’ambition et la soif de pouvoir dévorait mes entrailles. Ça… Je ne pouvais nier, mais j’étais pas le genre de cocotte à me présenter dans une « alliance » avec la bouche en cœur et le regard de biche. J’étais réfléchie… Surtout en ce qui concernait les alliances.
« Entre nous, rentrer chez les gens sans être invité à entrer… C’est digne de moi, je vous voyais pas comme ça… Disons… ébouriffés de manières peut être ?! »
