Il faisait nuit. Si tôt que j’avais vu la malédiction reprendre ses droits, j’avais quitté la maison du guérisseur. J’avais fuit, je m’étais faufilé dans les couloirs sombres de ce dernier et avait mis une bonne demie heure avant de finalement réussir à sortir de là. Par chance je n’avais croisé personne. Mon corps était couturé de griffures en tout genre et de points de sutures, je sentais les plaies me brûler, mais par chance, le bandage avait tenu suite à la transformation, et par je ne sais quel miracle. Je n’avais pas les compétences nécessaires pour soigner ce genre de plaies sous cette forme. Je me contentais d’un ou deux gros coups de langue pour retirer tous les corps étrangers des plaies. Mes yeux jaunes fixaient les alentours, tous mes sens en alerte dans l’espoir de ne croiser personne d’autres. Personne ne qui aurait pu donner l’alerte. C’était le coup à se retrouver avec toutes les ouailles armées de torches et de flambeaux. Pourquoi ce lieu était si étrange ? Peut-être que le monde dans lequel je m’étais retrouvé était différent du mien, mais à quel point ? Tellement de questions et si peu de réponses. Et où était Mowgli ? Le petit d’homme devait être totalement perdu à l’heure qu’il était. Il n'avait pas de meute pour le protéger de Shere Khan… Ombre parmi les ombres, j’avais pris soin de rentrer mes griffes, ne marchant que sur mes coussinets dans un silence le plus complet. Patte de velours oblige. Je trouvais finalement la sortie, je me mis à courir, galoper comme un fou vers cette liberté. Quand soudain un « PFOUIT » me fit stopper ma cavalcade. Je passais par la porte, avant de me retourner au second « Pfouit ». Quelle était cette magie ? Je posais mes deux grosses pattes dans le vide, et fus surpris de rencontrer une résistance, pire… De me retrouver avec les pattes avant suspendues en l’air… Quel était ce maléfice ? Reniflant la surface transparente, je finis par y passer un coup de langue, histoire de vérifier qu’il ne s’agissait pas de bloc de glace, et en ressortit avec une grimace manifeste. C’était déjà pas de la glace. Je m’en éloignais sans un regard. Décidant d’y revenir plus tard, quand j’aurais retrouvé le petit. Je descendis une successions de marches en pierre d’une démarche agile, avant de me retrouver sur une surface noire, un ruban traversant toute nature. La reniflant de plus près, je ne pus m’empêcher d’éternuer. L’odeur était pestilentielle. Pas question de lécher ce truc, je savais déjà que moins j’y serais, mieux je m’y porterais. Regardant dans toutes les directions, je choisis finalement de continuer mon chemin, mais fus forcé de m’arrêter une nouvelle fois quand une vive lumière m’éblouit. Mes yeux s’agrandirent de frayeur devant ce monstre qui arrivait à vive allure vers moi, avant de s’arrêter dans un bruit strident. Il semblait que cela était fait de métal ou d’un matériel s’en approchant. Je touchais du bout des coussinets la structure de la machine.
« Mais quelle est cette sorcellerie ?! »
Tâtant du bout de la patte, je n’osais faire plus. La bête métallique ne m’avais pas encore attaqué, c’était bon signe. Je choisis de m’asseoir sur mon postérieur, fixant de mes yeux dorés l’appareil maléfique.
« Je viens en paix ! »
Bon… Il était dommage de ne pas être une panthère albinos, cela m’aurais sans doute permis d’être un drapeau blanc à moi seul.
L’obscurité avait déjà commencé à envahir les rues de la petite ville de conte de fées. Comme d’habitude dans la bourgade qui vivait dans sa petite bulle, cette obscurité n’était pas la fin des activités, mais simplement le début de nouvelles. Les fêtards sortaient, les âmes se croisaient en ces moments de détentes, de joies et d’oublis. Les cafés et restaurants prenaient leur rythme de croisière, alors que les bars eux se remplissaient. A cette heure Daemon aurait déjà dû faire acte de présence depuis longtemps au Rabbit Hole, mais une discussion récente avec ce bon vieux Dr Hopper lui avait fait se poser une drôle de question. "Prend une pause, vieux !" Oui. Non. Peut-être demain. Peut-être maintenant. Maintenant, pourquoi pas, en fait. Il avait donc souri et choisi de différer son arrivée au bar pour profiter d’un moment rien qu’à lui. Sa journée s'était déroulé sans qu’on le harcèle, pour une fois. Et sa liberté provisoire lui offrait de ne pas passer le restant entre deux gobelets de cafés noirs pour préparer la soirée suivante. Et ce n'était pas plus mal de faire une pause, de temps à autre. On le convenait bien, s'il vivait parfaitement pour son boulot, il avait aussi su y mettre une barrière pour ne pas se laisser complètement envahir. Alors oui, il sortait. Malgré les limites. Au moins cette fois, sa prison était plus grande que la dernière qu’il avait connu. Et surtout il n’y était pas seul. Il avait donc pris ses clés de voiture et avait roulé autant que le permettait les limites de la ville avant de se décider à faire son apparition au bar.
La vitesse… Quelle sensation magique ! Cette sensation qui vous submerge tout entière et qui vous fait croire que le monde est à vous, que vous pouvez tout faire, tout vous permettre. Cette sensation qui vous procure cette poussée d’adrénaline qui fait battre votre cœur. C’est ça qu’il adorait, là, maintenant, pas de pensées vers le futur, ni vers le passé. La seule chose qui comptait c’était le moment présent et le monstre de noir et de chrome qui défiait les lois, défiait la gravité, défiait l'air. Grondement sauvage dans la nature civilisé, dans le labyrinthe interminable de détours et de routes. La bête rugissait de colère dans la lenteur et ronronnait agréablement dans la fluidité. Il oubliait parfois qui il était. Il oubliait toujours qu'il y avait des règles. À vrai dire, derrière son volant, ce n'était pas tout à fait le diable, c’était l’homme qui se cachait derrière. Il pétillait devant les drapeaux entrecroisés trônant sur le capot de la voiture bourdonnante. Il était à l'aise, à sa place, sur ce siège sombre, prise serrée mais souple sur l'embrayage, comme si lui et la route ne faisait qu'un, comme si il connaissait par cœur chaque courbe, chaque ligne, chaque réaction de la bête rugissante. C’était ce bruit de moteur ronflant, si particulier, vous donnant des frissons rien qu’en imaginant le monstre qui en était à l’origine. Un bruit dont il ne se lasserait sans doute jamais.
Il n’avait absolument pas ralentit d’un kilomètre en arrivant dans le centre de la ville qui était plutôt désert désormais. De toute façon il n’y prêtait pas attention, ne voyant que la route sous ses yeux. Au pire le shérif le poursuivrait au travers des rues, ce ne serait pas une première. Mais soudain une forme noire déboula au milieu du bitume noir, le forçant à décaler son pied sur la pédale de frein, laissant le monstre de métal agripper le bitume dans un crissement violent, immobilisant le véhicule au dernier moment et à quelques centimètres à peine de l’étrange apparition.
-Bloody Hell…
Reprenant pied avec la réalité il avait essayé de deviner ce qui se trouvait au bout du capot de sa Corvette C1, devinant la forme de deux oreilles. Allons bon. Soudain une voix ce fit entendre, provoquant un haussement de sourcil au diable en costard. Avait-il renversé un être humain ? Il en doutait, mais curieux, il avait coupé le contact et ouvert sa portière pour descendre et aller voir directement ce qu’il en était.
-Well, well, well … Qu’avons-nous donc là ?
Il avait vu bien des choses arriver dans cette ville mais ça c’était une première. Un fauve, au pelage noir comme la nuit, enroulé de bandage et assis droit comme un i sur la route. Au moins ce n’était pas un de ces stupides chiens qu’il ne supportait pas.
-Ne dit-on pas que la nuit tous les chats sont gris ?
D’un sourire entendu, il fit face à la panthère, s’appuyant doucement contre le capot de sa voiture aussi noire que le pelage du félin.
Bagheera
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Sam 11 Juin - 17:05
Un indien dans la ville Ft Daemon
Un drôle d’odeur planait autour du monstre de métal. Une sensation de chaleur se dégageait de la bête. La lumière que dégageait ses yeux m’illuminais, mais hors de question de fuir le regard. Hors de question de baisser les yeux comme je l’avais fait tant de fois avant cela. Ma queue battait en rythme. Si tous les autochtones étaient des monstres j’étais pas rendu… Enfin… J’avais quand même vu des hommes depuis mon arrivé, des guérisseurs pour la plupart. Mes oreilles se dressèrent lorsqu’elles entendirent une voix humaine. Les grondements du monstre s’arrêtèrent, et un humain sortit de son ventre. Allons bon… Des monstres qui transportaient des êtres vivants dans leur ventre sans les boulotter… Voilà qui était hors du commun. Je touchais encore du bout des coussinets le monstre qui resta, cette fois, parfaitement silencieux. -Well, well, well … Qu’avons-nous donc là ? Ne dit-on pas que la nuit tous les chats sont gris ?
Cette voix venait d’un homme. Il semblait amusé mais il était bien le seul. C’était celui qui s’amusait justement a monter dans le ventre des monstres. J’étais assez décontenancé, je balançais mon corps d’une patte sur l’autre, avant de tourner sur moi-même et de me réinstaller convenablement. Virant mes pattes du monstre. Il était calme, mais il était hors de question que je perde une griffe par mégarde. Il fallait que je protège le petit d’homme, au moins, lorsque je l’aurais retrouvé.
« Ce que vous avez devant vous n’est autre qu’une panthère, allons, n’allez pas me dire que vous n’en avez jamais vu. »
Je secouais la tête, reniflant bruyamment, avant d’enchaîner.
« Enfin je me doute que c’est assez rare de croiser une panthère parlant le même langage que vous. Bagheera, ancien maître d’arme, aujourd'hui maudit. Ha… Et accessoirement panthère noire… »
Je secouais la tête, avant de relever mon regard fauve vers le jeune homme.
« Mais où sommes¬-nous donc ?! »
J’avais beau réfléchir, penser a ce qui venait de m’arriver, je ne parvenais pas a trouver des réponses satisfaisante. Enfin… Il y a encore quelques heures, j’étais en pleine bataille avec Shere Khan, d’ailleurs je portais encore les « souvenirs » de cette rencontre sur mon corps. Puis l’arrivée de Mowgli avait tout changé. Cet ours devait garder un œil sur lui, alors pourquoi le petit s’amusait-il a se balader un peu partout et a toujours venir dans mes pattes alors que je devais le protéger ? C’était vraiment idiot de sa part… Il faudrait vraiment que je lui fasse un cour sur cette notion qu’il n’avait pas tout a fait comprit. Puis nous avions fuit, j’avais pris le petit sur mon dos, et nous avions fui, pour la première fois, j’avais baissé les yeux devant mon élève, je l’avais laissé remporter la bataille. Je pensais malgré tout avoir fait le bon choix. J’avais délaissé ma fierté personnelle pour sauver la vie à un innocent. Et si c’était à refaire, je le ferais à nouveau.
« Et sinon… C’est une habitude chez vous de voyager dans le ventre dans le ventre de monstres, vous n’avez pas peur de finir mangés ? »
Je fis le tour du monstre, reniflant les pattes de la bête rondes, avant de frémir.
L’obscurité cachait toujours des merveilles. Etait-ce la raison qui faisait qu’il se plaisait tant à être un oiseau de nuit ? Sans aucun doute. Rien d’étonnant donc à ce qu’il soit si pressé de découvrir ce que les phares de sa voiture comme les lumières de la ville avaient pu faire sortir de l’ombre. Comme quoi le hasard avait sans doute voulu qu’il retarde son arrivée au Rabbit Hole pour le faire profiter de cette rencontre. Et si il y avait une chose que Méphisto savait parfaitement, c’était que le hasard faisait toujours bien les choses et souvent pour son plus grand plaisir. Se fichant éperdument d’être arrêté au beau milieu de la route, il avait contourné son véhicule aussi sombre que le pelage de l’animal qu’il trouva en train de s’essuyer les pattes sur sa carrosserie. A croire que la panthère tenait finalement plus du cabot que du chat et ne disposait pas d’un grand second degré. Mais sans doute était-ce normal pour un animal. Animal qui lui répondit finalement.
-Voyez-vous ça … Intéressant ! Enfin oui je sais ce qu’est une panthère merci. Mais il est vrai qu’il est rare d’en croiser tout court, surtout dans une ville ou alors c’est qu’elle s’est échappée d’un zoo ou d’un cirque.
Glissant ses mains, dans les poches de son pantalon il se pencha légèrement vers l’animal.
-Besoin d’aide peut-être ?
L’expression qui passa sur les traits du diable était en général mauvais signe pour celui qui en bénéficiait, marquant à quel point l’intérêt du diable et son machiavélisme se mettait en marche. Mais une panthère qui parle ? Une panthère maudite, c’était de toute évidence une chose que ni Daemon ni Méphisto ne pouvaient laisser passer sans essayer d’en profiter un peu ou du moins d’en savoir plus. Il faut dire que depuis que toutes ces anomalies magiques se manifestaient il avait hâte de voir les divertissements que cela allait amener en ville. Après tout la nouveauté avait du bon, surtout quand elle amenait une foule d’âme à corrompre qui n’attendait que son aide pour régler leurs soucis.
-Mais où sommes-nous donc ?!
Un immense sourire s’afficha sur ses lèvres tandis qu’il écartait les deux mains théâtralement pour montrer les habitations alentours.
-Bienvenue à Storybrooke ! Même si je doute que le nom de la ville te parle ?
Il observa l’animal sauvage faire le tour de sa voiture, tandis que son instinct lui soufflait de ne pas laisser filer ce dernier tout de suite. Et Méphisto suivait toujours son instinct, surtout que celui-ci ne l’avait jamais trahi. D’ailleurs les remarques de la panthère sur son véhicule le firent doucement rire, le poussant à s’amuser un peu en le voyant renifler les roues.
-Attention elle mord…
Il avait suivi l’animal, espérant bien pouvoir s’amuser un peu laissant un temps de latence, un sourire énigmatique aux lèvres avant de répondre.
-Je plaisante… mais non, elle n’est pas morte, elle fait juste un somme dirons-nous. D’ailleurs ce n’est pas un monstre mais une voiture et la plupart des gens ici en ont une, et si tu continues de te balader comme ça sans faire attention, tu as de grandes chances de finir en carpette.
Déjà que le diable n’était pas passé loin de lui rouler dessus… Autant le prévenir tout de suite. Il était vraiment trop gentil. Enfin pour l’instant il était surtout très curieux d’en savoir plus sur l’animal qui semblait découvrir la ville la moins monotone de ce monde.
-Alors dis-moi, d’où viens-tu ? Et surtout… qu’es-tu ?
Bagheera
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Lun 4 Juil - 21:58
Un indien dans la ville Ft Daemon
L’homme parla, et je figeais mon regard fauve sur lui. Il me disait qu’ici, on croisait des panthères lorsqu’elles s’étaient échappées d’un zoo ou d’un cirque. Je savais ce que cela voulait dire. Que les animaux en liberté n’étaient pas monnaie courante ici. Cela ne m’étonnait pas plus que ça étant donné la facilité pour une petite bête de passer de vie à trépas dans un endroit comme celui-ci, et surtout avec des monstres comme la bête qui se trouvait face à moi. Je pestais doucement, regardant ailleurs, la fourrure légèrement ébouriffée au niveau de mon dos.
« Oui… La captivité… Je connais ça, pas étonnant que vous perdiez vos panthères de la sorte. Il n’y a pas pire châtiment. »
Hé oui… J’étais resté esclave une bonne partie de ma vie. Et je savais plus que quiconque le sentiment que cela prodiguait d’être coupé de sa famille, et de n’être qu’un outil, un jouet remplaçable pour les autres. Je le savais, ce que ça faisait d’être une donnée négligeable. -Besoin d’aide peut-être ?
Je me pourléchais les lèvres, posant un regard sur l’homme. Quelque chose –mon instinct animal hautement développé sans doute- me soufflait de ne pas prendre les mots de l’humain que j’avais en face de moi à la légère. En plus, il dégageait une odeur particulière, un mélange de chaud et d’un autre parfum capiteux… épicé… Je secouais doucement la tête, optant pour une esquive ma foi… pas très habile.
« Quelle aide pourrais-tu m’apporter ? »
Il y avait réellement de la curiosité derrière mes mots. La situation me semblait tellement catastrophique que je ne voyais pas qui pourrait faire quelque chose pour moi. Non… même une magicienne apparaissant sous mon museau avec son super bâton n’aurait pu m’aider plus. Ce n’était pas cette forme de panthère qui me dérangeait. C’était tout ce qui m’entourait. La nuit dans le jour… le fait que même en levant le nez en l’air, je ne puisse discerner les étoiles. Et surtout… Que même la nuit, la lumière était partout, artificielle.
-Bienvenue à Storybrooke ! Même si je doute que le nom de la ville te parle ?
Histoire de quoi ?! Ha… Une ville… C’était bien ma veine. En ville, on chassait les animaux comme moi pour revêtir ma fourrure comme un trophée. Je m’ébrouais, me reculant de quelques pas de l’homme.
« ça ne me dis absolument rien, et ça n’augure rien qui vaille… Vous allez essayer de me tuer pour récupérer ma fourrure ? C’est ce qu’ils font au village… Alors en ville… Cela doit être encore pire. Dans quel guêpier me suis-je fourré ?! »
Ma queue s’agitait, vive, se balançant avec précision d’un côté à l’autre. Ce mouvement seul montrait toute ma frustration de me retrouver dans un lieu que je fuyais depuis tant d’années. Je fis ensuite le tour de la voiture, venant humer son parfum. Le métal était omniprésent. Ses mots me firent sursauter, effectuant un bond en arrière pour me mettre hors de la portée de la bête de métal. Mais bien vite je compris que pour l’instant, elle était incapable de bouger.
-Je plaisante… mais non, elle n’est pas morte, elle fait juste un somme dirons-nous. D’ailleurs ce n’est pas un monstre mais une voiture et la plupart des gens ici en ont une, et si tu continues de te balader comme ça sans faire attention, tu as de grandes chances de finir en carpette. Alors dis-moi, d’où viens-tu ? Et surtout… qu’es-tu ?
Qui j’étais ? J’étais le passé qu’on avait essayé de soufflé. J’étais celui qui était resté pur. J’étais celui qui se battait contre son frère depuis des années pour protéger un garçon… J’étais un homme, autant qu’un animal. Mais j’étais aussi le sage proclamé de la jungle dans laquelle je vivais en compagnie d’autres animaux parlant. Mais avant tout… Cet appareil m’interloquait.
« Une… Voâture ? je vois… Je vois… Est-ce comme une charrette ? Mais où cachez-vous les bœufs ? Y’a-t-il des Efrits dans ce réservoir ? »
Je touchais du bout des coussinets le devant de la bête. Avant de me tourner vers mon interlocuteur, m’éloignant d’une longueur de queue du monstre.
« Moi… Je viens sur l’île de Darzee, où j’étais maître d’arme et percepteur du jeune prince. Désormais je suis destitué de toutes mes fonctions et maudit, comme si cela n’était pas assez. J’ai sous ma protection un petit d’homme. Vous ne l’auriez pas vu ? Et vous… Qui êtes-vous je vous prie ? »
Pour un animal censé être sauvage, la panthère avait quelques réactions des plus inattendus, intriguant l’homme même si il comprenait parfaitement que la bête parlante disposait d’une intelligence sans doute égal à celle humaine. Sa place n’était donc ni dans un zoo ni dans un cirque, quoi que ces derniers se seraient certainement arrachés un spécimen pareil pour faire fortune. Mais la captivité était une punition que lui-même connaissait très bien également et qu’il ne souhaitait pas particulièrement au premier venu qu’il soit homme ou animal. Car si le poids des chaines magiques qui asservissait le Diable c’était considérablement allégé, il n’en était malheureusement pas complétement défait et les sentait encore peser sur lui chaque jour.
-Dans ce cas nous sommes deux…
Sa prison n’était pas détruite. Et il veillait consciencieusement à ne jamais retourner y séjourner, laissant d’autres que lui prendre place dans la cage du briquet. Pactiser avec lui avait toujours un prix et à souhait presque impossible venait toujours un prix en conséquence. Et si certains étaient assez fous pour le tenter alors il n’allait pas se priver de sa chance de s’offrir sa liberté en plus de son jeu favori. Au moins lui, pendant ce temps-là, il séjournerait tranquillement dans un monde qui lui offrait au moins l'attrait de la nouveauté et qu’il savait apprécier. Oui depuis le retour de la magie en ville et les évènements que cela entrainait, une foule d’âme à corrompre n’attendait que son apparition. Et son instinct savait toujours le guider vers les âmes chez qui le désespoir était suffisamment intense pour que celui qui en était animé soit prêt à défoncer à coup de bélier les portes de l’enfer comme du paradis. Un instinct qui le poussait à faire une première offre à la panthère et à lancer un premier filet.
-Quelle aide pourrais-tu m’apporter ?
Un sourire plein de malices, mêlé à une presque fausse compassion et digne de l’air enjôleur du pire des démons étira chaque coin de ses lèvres. Sortant un petit étui doré de la poche intérieur de sa veste, en retirant une cigarette avant de le ranger, il avait porté le bâtonnet de nicotine à ses lèvres avant d’apporter quelques éclaircissements à la bête parlante.
-Oh mais celle que tu désireras le plus évidemment… tout dépend de ce que toi tu souhaites. Je suis très doué pour rendre service et il faut bien guider les nouveaux dans cette ville.
Bon, ce n'était pas tout à fait vrai en ce qui concernait la dernière affirmation ... Mais c'était un de ces moments où l'expression Be careful what you wish for prenait tout son sens ... Laissant une flamme jaillir du bout de son pouce, il avait allumé sa cigarette, déballant un de ces tours de magie les plus simple, gardant son éternel sourire guettant chaque réaction de l’animal devant le petit spectacle qu’il lui improvisait au fur et à mesure.
Il sentait la tension et la frustration de l’animal qui se trouvait pris au piège dans un environnement inconnu. La bête craignait pour sa vie et quoi de plus normal au fond ? Il avait peut-être intelligence humaine il n’en gardait sans doute pas moins des instincts plus primitifs et sauvages. C’était d’ailleurs sans doute la première fois pour Daemon qu’il se retrouvait à voir un tel animal de si près et à converser ainsi. Il expira doucement la fumée de cigarette qu’il avait entre ses lèvres, haussant un sourcil.
-Te tuer ? … Un rire léger s’échappa de ses lèvres. Ma foi non ! Je trouve que ta fourrure a bien plus d’intérêt en étant vivante. Après tout ce n’est pas tous les jours qu’on croise un animal à qui faire la conversation.
Un animal parlant était même une mine d’or en dehors de cette ville magique. Même si l’intérêt que portait le diable à Bagheera était complètement différent.
-En revanche, je ne peux pas dire que tout le monde ici aura la même réaction… certains risquent peut-être de prendre peur en te croisant. Dans ce monde les animaux ne sont pas vraiment censé parler et les panthères sont souvent sauvages.
Toujours en appuie sur le capot de sa Corvette, il s’amusa une fois de plus des réactions de l’animal face à son véhicule, le laissant bondir et s’agiter en évitant de tiquer ou de rire devant cet examen en règle.
-C’est une charrette moderne oui. Et les chevaux sont cachés ici.
Il tapota d’une phalange sur le capot de la voiture, provoquant un petit son métallique pour appuyer ses paroles. S’amusant des questions et de l’incompréhension qu’il devait surement provoquer un peu. Au moins il évita d’en rajouter une couche en mentionnant l’essence. Et puis il ne se voyait pas la patience de donner les explications que la panthère un peu naïve risquait d’exprimer.
-Moi… Je viens sur l’île de Darzee, où j’étais maître d’arme et percepteur du jeune prince. Désormais je suis destitué de toutes mes fonctions et maudit, comme si cela n’était pas assez. J’ai sous ma protection un petit d’homme. Vous ne l’auriez pas vu ? Et vous… Qui êtes-vous je vous prie ?
Ainsi la panthère n’avait pas toujours été panthère ? C’était de plus en plus intéressant pour le diable qui aimait jouer avec les âmes humaines. Des âmes dont il connaissait les tréfonds et le fonctionnement sur le bout des doigts. Tirant une nouvelle bouffée sur sa cigarette, il s’éloigna finalement du capot de sa voiture pour faire quelques pas avant de se tourner à nouveau vers l’homme maudit.
-Daemon McDonalds, un habitant de cette ville venu suite à la malédiction de la reine… enchanté. Il épargna le spectacle d’une courbette cabocharde, poursuivant directement. Il y a beaucoup de petits d’hommes ici tu sais, il va falloir te montrer plus précis. Mais de toute façon je n’en ai pas croisé qui sortent de l’ordinaire. Il faudrait peut-être essayer de voir près de l’école… Cet endroit regorge toujours de mômes.
Il avait poussé un soupir rien qu’à cette pensée. L’école de Storybrooke était un endroit qu’il préférait éviter autant que possible. Question de santé.
Bagheera
Messages : 37
Dim 11 Sep - 10:47
Un indien dans la ville Ft Daemon
Je secouais ma grosse tête triangulaire en l’entendant évoquer le fait que lui aussi connaisse la captivité. L’emprisonnement… C’était quelque chose de terrible. Comme une piqûre vive, je me souvenais des fers mangeant ma chair. Encore aujourd’hui j’en portais les stigmates sur les poignets et les chevilles, et les emporteraient avec moi dans la tombe. Je penchais la tête.
« Je te souhaite de trouver le moyen de te libérer, si ce n’est pas déjà fait. La liberté est une chose qui, parfois, nécessite de se battre pour elle. »
Je m’étais battu pour la liberté de mon peuple, et au final tous avaient été changés, leur cœur s’était fermé, et la fourrure avait recouvert les sentiments. Si l’homme se laissait flancher, si l’homme se fiait au sang et à l’appel de la chaleur, il se perdait à tout jamais. C’était le cas de Shere Khan qui s’était perdu dans les limbes de la vengeance et qui avait perdu tout sens commun. Le jeune homme avait fini par sombrer, et aucune main n’avait été en mesure de capter la sienne. L’échec était comme un goût d’une acidité rare dans ma bouche. L’homme, aussi charmant qu’il était, montrait une apparence et des manières de rêves. Je connaissais quelqu’un d’autre qui avait longtemps fait comme ça. Kaa envoutait quiconque de sa voix enchanteresse, et ensuite, n’avait plus qu’à ouvrir la bouche et gober tout rond le malheureux. Personne ne connaissait les affres de la faim qui tordait le corps du reptile. Personne… Pas même une panthère affamée. Kaa m’avait un jour soufflé que sa malédiction était plus lourde que la nôtre à cause de son échec. Personne ne savait qui était le reptile… Et personne ne cherchait trop à le savoir afin de préserver la fragile paix de la jungle.
-Oh mais celle que tu désireras le plus évidemment… tout dépend de ce que toi tu souhaites. Je suis très doué pour rendre service et il faut bien guider les nouveaux dans cette ville.
Une flammèche au bout du doigt, il alluma un petit bâton rempli d’herbes sèches, si j’en croyais ma truffe. Humant la fumée qui s’en éleva, il n’en fallut pas plus pour m’irriter le nez et la gorge. Une petite toux discrète et un raclement de gorge fit se dresser ma fourrure sur ma peau. Ça m’apprendra à sentir tout ce qui passait à ma portée. Mes vibrisses s’agitèrent, alors que je me mis assis, rabattant ma queue autour de mes pattes avant. Penchant légèrement la tête.
« La question est : quel pourrait bien être le prix de ton aide. Car je ne me fais pas d’illusion, ici rien n’est gratuit. Qu’est-ce que je pourrais bien avoir qui puisse t’intéresser ? »
Nous partions ensuite sur un sujet bien moins folklorique… A savoir : le pourcentage que j’avais de finir en descente de lit sous cette forme et dans cette ville. Il m’assura dans un premier temps que pour sa part, lui ne voyait aucun intérêt à faire passer la panthère de vie à trépas. Peut-on dire que nous avions là le spécimen parfait de bon samaritain ? Bien que l’homme semblait agréable, et bien que je sois d’une naïveté sans égal, mon instinct me beuglait dans les oreilles de me méfier. Pourtant moi je voulais bien me laisser emporter par sa voix mélodieuse et ses manières gracieuses. Quant aux autres… Il me remit bien vite les pieds sur terre. J’étais un danger… Je risquais d’être chassé.
« Bien… Dans ce cas il me faudra une cachette… Je n’ai pas envie de finir en tapis… On peut être sauvage et pourvus de bonnes manières tu sais !»
Une panthère pouvait se cacher dans l’obscurité, c’était comme une ombre silencieuse. J’aurais sans doute pus me cacher dans une forêt, encore fallait-il que je la trouve. Et malgré tout… Une panthère cachée parmi les conifères semblait assez burlesque. Nous en revenions indéniablement au sujet de son monstre de métal. Il m’indiqua l’endroit où il disait avoir caché des chevaux. Je reniflais une nouvelle fois l’avant du monstre, m’en éloignant en poussant un feulement. Je n’étais pas à l’aise avec cette chose.
« Des chevaux ? Dans un aussi petit espace ? J’aurais plutôt parlé de Poneys personnellement ! C’est magique ? … Je n’aime pas la magie… »
Il se présenta ensuite à moi sous le nom de Daemon, je hochais la tête, effectuant une courbette toute féline, j’étais né esclave, mais j’avais eu la meilleure des éducations. Je relevais finalement la tête pour que mon regard fauve croise le sien.
« De même. Bagheera, et ne t’embête pas. Je pense que si tu avais croisé Mowgli tu t’en serais souvenu. C’est un enfant assez reconnaissable. Mais merci quand même. »
Un bruit me tira de ma conversation, voyant un autre monstre de métal, pardon… Voâture, passer à côté de nous en rugissant, il poussait aussi de grands cris discordants. On aurait dit un animal à l’agonie, il n’en fallu pas plus à ma fourrure pour s’ébouriffer tandis qu’un feulement grave faisait ronronner ma gorge, mes griffes raclant le sol alors que la lumière produite par l’autre monstre de fer m’éblouissait, je m’étais ramassé sur moi-même, avant de jeter un regard à l’homme.
« En réalité, je pense devoir admettre avoir besoin de ton aide… »
